Comment partager les revenus ?

L’un des objectifs de la Coopérative, et le rôle principal du Comité Coopératif, est d’élaborer une clé de répartition des revenus carbone. En effet, ce n’est certainement pas à arboRise de définir comment ces revenus seront partagés entre les coopérateurs. Ce choix doit être fait par les premiers concernés, en fonction des traditions et des usages locaux.

Mais quels seront ces critères ? et comment les pondérer ? Doit-on tenir compte de l’effort et du mérite ou au contraire distribuer les revenus de manière uniforme ? La fatalité peut-elle être invoquée pour justifier certains résultats décevants ? etc.

Plutôt que de discuter de ces critères de manière abstraite, nous avons opté pour les jeux sérieux, plus efficaces. Concrètement, nous avons utilisé des bâches préimprimées sur lesquelles figuraient plusieurs cas de figure, comme ici où il s’agissait de répartir les revenus en fonction des aléas subis par les propriétaires des terrains :

bâche préimprimée

Chaque membre du comité coopératif disposait de 20 pièces de monnaie (symboliques) représentant les revenus carbone du projet et avait pour tâche de les répartir entre les 10 situations présentées sur la bâche, puis de commenter son choix devant ses pairs.

le comité coopératif  répartition - verteilung - sharing

Au fil de la journée un consensus s’est rapidement dégagé sur les principes de répartition des revenus carbone, par exemple :

  • Le respect des règles de la coopérative par chaque coopérateur doit être récompensé proportionnellement à l’effort que coûte le respect de chaque règle. Par exemple certaines règles « coûteuses » (installation des pares-feux autour des terrains) doivent être mieux rémunérées que les règles simples (installation des rubalises pour signaler les terrains)
  • Bien sûr que ceux qui s’engagent beaucoup pour favoriser la croissance des arbres sur leurs terrains doivent être récompensés, mais il faut aussi donner un peu aux « non-méritants » car sinon ils risquent de quitter le projet
  • Il faut (très clairement) récompenser le résultat (la densité et la hauteur des arbres sur les terrains) et pas l’effort qui a été nécessaire pour obtenir ce résultat
  • Les facteurs extérieurs (infertilité du terrain, feux, etc.) ne sont pas à considérer comme des fatalités : c’est la responsabilité de la famille-terrain si elle a choisi un terrain peu propice ou si son terrain a été touché par des feux.

Les jours suivants, nous avons répété le même exercice des bâches dans les 26 villages, à raison de 2 villages par jour, avec toutes les familles-terrains du village et en présence des 2 membres du comité coopératif du village. L’idée était de montrer aux familles-terrains la complexité de la tâche du Comité Coopératif, et cela a aussi permis d’exprimer tout haut ce que tout le monde pense tout bas : à la fin ce seront ceux qui auront des résultats qui recevront le plus de revenus carbone. Un autre enseignement, rassurant, est qu’il n’y a pas de véritables différences entre les villages : les choix de répartition sont assez homogènes.

Tout à la fin de l’exercice des bâches, nous avons demandé dans chaque village « quelle part de vos revenus carbone seriez-vous prêts à partager librement avec votre village ? ». La plupart des participant a indiqué être disposé à partager environ 10% de ses revenus carbone avec sa communauté. Avec cela les villages pourront développer leurs infrastructures (puits, maraîchages, poste de santé, école…).

Nous avons également échangé avec les familles-terrains au sujet de leurs coûts d’opportunité. En effet, si ces cultivateurs prêtent des terrains pour qu’ils soient reboisés, ils renoncent potentiellement à des revenus issus de leurs cultures. Nous nous sommes donc plongés avec eux dans les détails de la culture du riz de coteau pour en comprendre tous les aspects (rendements, dépenses, durée des cultures, durées des jachères, etc.).

partage des revenus  qui récompenser

Au total, dans les 26 villages, 255 personnes, soit 88% de toutes les familles-terrains, ont participé à ce processus de délibérations. Pour arboRise, le reboisement participatif n’est pas un vain mot. C’est essentiel que chacun.e ait son mot à dire pour que tous.te.s s’approprient le projet.

Merci à la Fondation Somaha d’avoir contribué à rendre possible toute cette concertation.

fondation Somaha

Selon notre expérience, l’un des leviers du changement, dans toute organisation ou groupe social, ce sont les leaders. Et notre processus vise également à faciliter l’émergence de nouveaux leaders, légitimé.e.s par des élections transparentes dans leur village, puis au niveau sous-préfectoral, au sein de la Coopérative. Bien entendu, les responsables politiques actuels (Sous-préfet, Maire de Linko, chefs de villages) sont associés au processus. Ils se félicitent de la dynamique initiée par le projet dans la région. En effet, nous sommes convaincus que c’est la mise en réseau des leaders (anciens et nouveaux !) qui sera décisive.

Elections à la Coopérative

En octobre de l’année passée nous avions fondé la Coopérative des familles-terrains de Linko pour bien gérer le bien commun que sont les nouvelles forêts arboRise (voir notre reportage ici) et ce 9 juillet 2024 a eu lieu l’Assemblée Générale de la Coopérative. Cette année il s’agissait de faire élire les organes de la coopérative :

organes de la coopérative de Linko

En prévision de l’élection des 26 membres du Comité Coopératif, chaque village avait préalablement élu deux représentant.e.s, un homme et une femme. Lors de l’AG nous avons très simplement utilisé un chapeau dans lequel étaient placés 14 billets de Femmes et 12 billets d’Hommes. Chaque village a tiré un billet au hasard et c’est ainsi que nous avons obtenu un Comité Coopératif constitué en majorité de femmes, toutes reconnues dans leur village, et ainsi visibles au niveau de la sous-préfecture.

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A ce propos, dans certains milieux on s’apitoie volontiers sur la condition de la femme africaine. Pour notre part, nous observons des signes tangibles de leur influence, qui contredisent cette image de faiblesse. Ainsi, dans un village de la sous-préfecture, les femmes ont destitué le chef du village qui rechignait à ce que le village rejoigne le projet ! Autre exemple : c’est une femme du village de Booko qui dirige la confrérie des chasseurs de toute la sous-préfecture, une fonction extrêmement puissante et qui implique des pouvoirs coutumiers importants. Troisième indice : le fait d’avoir exigé une majorité de femmes au comité coopératif n’a jamais été contesté, ni même débattu. Pour clore cette parenthèse, une lecture inspirante à ce sujet : L’autre langue des femmes de Léonora Miano.

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…Ensuite nous sommes passés à l’élection des 5 membres de l’Administration. Les coopérateurs de chaque village ont d’abord choisi le candidat de leur village, puis toute la salle a voté à main levée pour chaque candidat, les 5 avec le plus de voix ont été élus. Nous sommes très contents que l’Imam Bangaly Condé ait été élu directeur de l’administration. Il est cultivé, a vécu longtemps en Côte d’Ivoire et s’engage depuis le début dans le projet de manière exemplaire.

Assemblée Générale de la Coopérative Saidou Marega

Le jour après l’Assemblée Générale, nous avions organisé une formation pour les 5 membres de l’administration et les 26 membres du Comité Coopératif et leurs suppléants pour les préparer à leur rôle et responsabilités.

  • Pour l’Administration c’est simple : ils doivent gérer le budget et organiser la prochaine Assemblée Générale (et ainsi soulager notre partenaire GUIDRE qui s’en occupait jusqu’ici)
  • Pour le Comité Coopératif, c’est plus ardu : il s’agit de mandater les mesureureuses pour que chaque terrain soit visité et évalué, puis, sur la base de leur rapport, d’élaborer une clé de répartition des revenus carbone. En effet, ce n’est certainement pas à arboRise de définir les critères de répartition de ces revenus. Ce choix doit être fait par les premiers concernés, en fonction des traditions et des usages locaux.

Mais selon quels critères répartir les revenus carbone ? vous le découvrirez ici.

Mesures dendrométriques

Mesure du DBH

Combien de CO2 une forêt absorbe-t-elle par année dans la région du projet ? C’est la question essentielle à laquelle tous les projets de reforestation doivent répondre pour obtenir une certification et attirer des bailleurs.

La solution la plus simple consiste à s’appuyer sur des études scientifiques ayant mesuré la croissance de la biomasse de forêts similaires. Le problème : très peu d’articles portant sur des forêts africaines ont été publiés à ce sujet. Fort heureusement l’équipe de recherche de Hérault et al. a quantifié la croissance des arbres de plusieurs espèces de notre projet dans la région de Korhogo en Côte d’Ivoire, à 400km de notre projet, et cela sur 30 ans (The long-term performance of 35 tree species of sudanian West Africa in pure and mixed plantings).

Une autre approche, plus précise, vise à mesurer la biomasse de forêts matures dans la région du projet, pour déduire ensuite la croissance annuelle. C’est ce que nous avons réalisé avec notre partenaire EcoAct.

Avant de commencer il faut identifier avec précision l’âge des forêts à mesurer. L’objectif étant de connaître la croissance de biomasse moyenne par année et par hectare. Pour ce faire EcoAct a identifié toutes les forêts de 20 ans et toutes les forêts de 10 ans de la sous-préfecture de Samana. Puis nous avons appliqué quelques critères de sélection supplémentaires pour obtenir des forêts peu dégradées et faciles d’accès.

sélection des forêts

Grâce à cette présélection nous avons pu identifier les points GPS de 5 forêts de 10 ans et 5 forêts de 20 ans (sachant que nous n’aurions le temps de ne mesurer que quatre de chaque catégorie).

Sur place, il n’est pas recommandé de se rendre tout seul dans une forêt, surtout lorsque l’on est étranger. Il est plus respectueux et prudent de se faire connaître aux autorités du village le plus proche, pour expliquer notre intention, recevoir des conseils et se faire accompagner. Ces discussions peuvent prendre du temps, car il y a aussi beaucoup de questions sur le projet, mais cela vaut la peine. Le soutien du village et capital.

Ensuite, il faut se rendre dans la forêt. Cela requiert souvent de longues marches d’approche, en peine brousse ou en forêt. La machette est essentielle pour progresser, et il est préférable de ne rien avoir oublié dans le véhicule (matériel de mesure, imperméable, bottes, eau, etc.).

Une fois le point GPS atteint, nous avons, dans chaque forêt, délimité un périmètre de 30m x 30m à l’aide de rubalises, pour savoir exactement quels arbres intégrer dans les mesures et quels arbres en exclure parce qu’ils se situent en dehors du périmètre de 900 m2.

Puis il faut procéder méthodiquement pour s’assurer de ne pas oublier un arbre. Concrètement, une personne mesure le diamètre à hauteur de poitrine, une personne mesure la hauteur, une personne indique l’espèce et marque l’arbre, pour éviter de le remesurer une deuxième fois, et une personne note ces informations. Pour reconnaître les espèces, il est nécessaire de s’appuyer sur les compétences locales.

dendrométrie

Au final, nous avons mesuré plus de 1500 arbres en six jours sur 13 terrains (en plus des 4 forêts de 10 et de 20 ans, nous avons également mesuré les arbres sur des terrains reboisés par arboRise en 2021 et 2022). C’est un travail fastidieux et pas dénué de risques, parfois sous la pluie et dans une végétation foisonnante, mais c’est un travail essentiel qui nous permettra de calculer avec précision la biomasse, et donc le carbone, et donc les revenus potentiels du projet, et donc les dépenses possibles.

Merci Stéphane, merci Julia pour votre engagement concret sur le terrain dans des conditions difficiles

Ce premier aperçu des forêts nous a fourni quelques indications provisoires:

  • La diversité des espèces dépend du sol : certaines forêts de 20 ans étaient presque monospécifiques avec une dominance du Uapaca Somon qui, comme le hêtre dans les forêts tempérées, s’impose aux dépens de toutes les autres espèces. Ceci doit nous inciter à procéder à des éclaircissements ciblés, pour maintenir la biodiversité (concept de forêt jardinée)
  • Sur les terrains reboisés en 2021 et 2022 il y a une grande variabilité en termes de densité : elle peut atteindre plus de 4500 tiges par hectare, mais certaines parties des parcelles restent encore nues 2 ans après l’ensemencement. Cela est dû au sol.
  • On retrouve presque toujours les 10-15 mêmes espèces pionnières et on peut supposer que la régénération naturelle est efficace. Cela doit nous inciter à focaliser la récolte de graines sur les espèces rares parmi notre liste de 40 espèces.

Une fois les données récoltées, le travail d’analyse peut commencer. Les sylviculteurs et les spécialistes de la forêt ont depuis longtemps appris à estimer le volume d’une grume (un tronc ébranché) lorsqu’on déforestait l’Europe pour construire des bateaux. Fondamentalement il s’agit de calculer le volume d’un cylindre : Pi x rayon2 x hauteur. En réalité, un tronc n’est pas vraiment cylindrique, mais plutôt conique. Et les proportions entre le diamètre et la hauteur varient en fonction du type de forêt (tempérée, tropicale, boréale, sèche, humide, pluviale, etc.). C’est pourquoi de nombreuses études ont tenté de trouver l’équation allométrique qui s’approche le plus d’un type de forêt donné. Certaines tentent même d’inclure le volume des branches dans l’équation. Il faut rappeler que ces équations sont assez fiables pour des plantations d’arbres de rente monospécifiques, mais dans des forêts naturelles constituées de plusieurs espèces cela devient rapidement approximatif et cela sous-estime généralement le volume de biomasse de la forêt.

Avec notre partenaire EcoAct (merci Margarita ! ), nous avons testé sept équations allométriques, spécifiques pour les forêts tropicales, et nous avons retenu l’équation dont la corrélation avec la valeur NDVI du point GPS était maximale : l’équation de Djomo et al. (2010)* qui considère le diamètre et la densité du bois (puisque nous n’avons pu mesurer toutes les hauteurs): B = exp(-1,8623 + 2,4023 ln(D) – 0,3414 ln(p))

* Adrien N. Djomo, Adamou Ibrahima, Joachim Saborowski, Gode Gravenhorst: Allometric equations for biomass estimations in Cameroon and pan moist tropical equations including biomass data from Africa, Forest Ecology and Management 260 (2010) 1873–1885, 2010

équations allométriques

Ces valeurs indiquent le poids de la biomasse sèche. Il faut ensuite retirer le poids de tous les atomes qui ne sont pas du carbone (x 0.47), puis ajouter le poids des deux atomes d’oxygène (x 3.67) pour obtenir le poids du CO2 des troncs de chaque hectare. A cela, par convention, on ajoute 20% pour tenir compte du CO2 souterrain, présent dans les racines.

Il est ainsi possible de dire que, dans la région du projet, les arbres d’une forêt ont absorbé 325 tonnes de CO2 par hectare après 20 ans, donc 16 tonnes par année.

Puisque nous avons des valeurs pour des forêts de 2, 3, 10 et 20 ans, on peut estimer la courbe de croissance :

courbe de croissance de la biomasse

Il faut rappeler que nous avons ici affaire à des forêts de régénération naturelle, dont certaines ont probablement été dégradée (ainsi la biomasse de l’une des forêts de 10 ans est significativement inférieure aux autres). Or, notre approche de forêt jardinée devrait générer des futaies plus diversifiées, plus denses et moins dégradées, avec à la clé une plus grande quantité de biomasse.

Nous en reparlerons dans quelques années, lorsque nous ferons les premières mesures dendrométriques de nos forêts. Et à ce propos, certain.e.s d’entre vous peuvent peut-être nous aider à trouver un équipement de Terrestrial Laser Scanning, qui permet de mesurer exactement l’ensemble d’un arbre (pas seulement le diamètre à hauteur de poitrine et la hauteur), pour pouvoir inclure le CO2 absorbé par les branches, sans passer par une équation allométrique. Merci pour votre aide !

Terrestrial Laser Scanning

 

 

Collaboration avec l’EPFL

Ines Kamoun Aurèle Baretje

Quels facteurs naturels et anthropiques influencent-ils la croissance des arbres sur les terrains reboisés par arboRise ? Pour le savoir nous avons eu la chance que notre projet de recherche ait été sélectionné par l’EPFL dans le cadre des Design Projects. Dans ce cours, obligatoire, les étudiant.e.s en master du département ENAC ont la responsabilité d’apporter des réponses scientifiques à des problématiques fournies par des entreprises, collectivités, etc. Cette recherche appliquée représente environ 500 heures de travail pour chaque binôme, il s’agit donc d’une véritable analyse scientifique, supervisée par les professeurs de l’EPFL.

Notre projet a immédiatement intéressé Ines et Aurèle et nous avons eu la chance de bénéficier de leurs compétences pendant plusieurs mois (environ 2 jours par semaine pendant 15 semaines). Merci Ines, merci Aurèle ! Tous deux étudient les géosciences et maîtrisent donc sur le bout des doigts tous les outils d’analyse satellitaire. Ils ont été supervisés par le Professeur Devis Tuia. Le rapport rendu par Ines et Aurèle est une mine de renseignements. Il est consultable en détail ici: 240607_EPFL Design Project – Rapport final.

Il leur a d’abord fallu répartir les terrains que nous avons reboisés de 2021 à 2023 en plusieurs catégories (en gros les « bons » et les « mauvais » terrains) selon la croissance de la biomasse depuis la date d’ensemencement et comparativement à des terrains « neutres » de référence. Les données proviennent du satellite Sentinel 2, qu’arboRise a déjà fréquemment utilisé pour ses propres analyses. Nos deux chercheureuses ont choisi de focaliser les analyses sur le mois de février (2021, 2022, 2023, 2024), en pleine saison sèche, pour éviter le plus possible l’influence des herbacées sur les données.

Dans une deuxième étape, la baseline (les arbres présents sur les terrains avant le reboisement) a été retirée des données pour, là aussi, éviter toute influence externe au projet.

arbres matures

Troisièmement, de très nombreuses autres données – toutes de potentiels facteurs d’influence anthropiques ou naturels – ont été récoltées via divers satellites: pente, exposition, altitude, nature du sol, distance au village le plus proche, aux routes, aux cours d’eau, aux feux de brousse, etc. Les corrélations entre ces facteurs d’influence potentiels permettent de formuler de nombreuses hypothèses et de mieux comprendre la géographie de notre périmètre. Ainsi, par exemple :

  • Il y a une corrélation entre la longitude (Ouest-Est) et l’altitude et c’est normal : la chaîne de collines du Simandou qui borde notre périmètre à l’Ouest est plus élevée que le lit du fleuve Dion qui borde notre région à l’Est, donc notre région « penche » vers l’Est
  • La pente moyenne de nos terrains est donc logiquement plus forte à l’Ouest, à proximité du Simandou, qui est plus accidenté. Il est donc normal que la distance entre nos terrains y soit plus élevée, que dans les zones plus plates à l’Est, où il est facile de regrouper les terrains. Logiquement les routes sont plutôt à l’Est, et donc la proximité de nos terrains aux routes est plus importante à l’Est du périmètre.
  • On voit également que la nature du sol change selon l’altitude : des sols plus argileux à l’Ouest et plus sableux à L’Est, puisque le ruissellement va d’Ouest en Est.
  • On observe aussi de fortes corrélations, logiques, entre tous les facteurs liés à la nature du sol : taux d’azote ou de carbone organique, ph du sol, taille des fragments du sol, etc.

corrélations

Enfin, quatrièmement, Aurèle et Ines ont mesuré statistiquement le degré d’influence de chaque facteur sur la croissance des catégories de terrains (par exemple : est-ce que tous les terrains « bons » sont plus en altitude que tous les terrains « mauvais » ?). Ici, seules les influences statistiquement significatives sont présentées :

  • Il y a d’abord l’influence de la nature du sol. Les sols sableux et avec un ph proche de la neutralité sont plus propices à la croissance. C’est étonnant, on aurait pu attendre que les sols plus riches en argile, qui retiennent mieux l’eau, soit plus favorables. Surprenant également le fait que la richesse en azote et en carbone organique soit plutôt sur les « mauvais » terrains, alors que ces facteurs favorisent généralement la croissance végétale.
  • La pente a très clairement un impact négatif sur la croissance, certainement à cause du ruissellement des eaux de pluies (l’eau reste moins longtemps sur le sol et emporte les nutriments avec elle), surtout sur les terrains à « baseline » faible (baseline : la végétation existante sur le terrain lors de l’ensemencement). Cela semble logique : la végétation présente sur le terrain freine le ruissellement de l’eau. Cela peut aussi s’expliquer par les feux de pâturage, allumés en bas des coteaux et qui remontent plus facilement les pentes que les terrains plats.
  • L’exposition du terrain vers le Sud est favorable, puisque l’ensoleillement favorise la photosynthèse
  • La proximité de cours d’eau et la proximité des feux est négative. Il est très intéressant de constater que seuls les feux récents (2024) ont un impact visible. Les feux en 2021, 2022 et 2023 ne ressortent pas comme un facteur d’influence, probablement parce que les arbres se régénèrent rapidement après avoir été touché par un feu. Ce sont en particulier les feux de pâturage (qui stimulent la germination de jeunes pousses d’herbe dont le bétail est friand), allumés à proximité des cours d’eau, qui touchent parfois les terrains reboisés.
  • Il est très intéressant de constater que la distance au village le plus proche ou la distance aux pistes et sentiers n’influence pas la croissance de la biomasse.
  • L’année de plantation a également un impact. Cela est peut-être dû au méthodes d’arboRise, qui se sont perfectionnées avec le temps, ou à la pluviométrie qui varie chaque année.
  • Il semble qu’il y a une meilleure croissance des parcelles dont les graines sont récoltées et ensemencées juste avant la saison des pluies. Il reste difficile de savoir si cela est lié aux espèces semées dans ce groupe où à la période plus humide.
  • Enfin il semble que les jeunes arbres croissent mieux, là où la « baseline » est faible. C’est peut-être un effet de la compétition naturelle : la végétation existante occupe le terrain, absorbe l’eau et réduit l’ensoleillement.

De manière générale, à part les feux récents, il semble que ce sont principalement des facteurs naturels qui influencent la croissance des arbres. Bien sûr on peut identifier des villages sur les terrains desquels les arbres poussent mieux que dans d’autres villages, mais cela est probablement plutôt dû aux facteurs naturels (nature du sol, pente, exposition, etc.), les villages « peu propices » étant plutôt situés à l’Ouest dans une zone accidentée.

Ces résultats sont donc très utiles pour déterminer le choix des terrains futurs, où il conviendra d’éviter les pentes, surtout en bordure de cours d’eau, et d’éviter les terrains à forte végétation existante.

Un immense MERCI à Aurèle et Ines qui se sont véritablement passionné pour le sujet, ainsi qu’à Devis Tuia, qui a eu la gentillesse de choisir notre projet de recherche. Tout comme à l’ETHZ, merci également à l’EPFL de fournir ainsi des compétences scientifiques de grande qualité à des organisations telles qu’arboRise.

Des mycorhizes pour aider nos arbres

champignons à mycorhizes

En plus de sa mission de reforestation participative et durable, la fondation arboRise a pour objectif statutaire d’ « expérimenter des méthodes de reforestation naturelle qui renforcent la biodiversité ». C’est pourquoi nous nous sommes demandé comment utiliser les champignons pour faire pousser nos arbres.

Depuis plusieurs années on sait que les arbres et les champignons interagissent. En résumé on peut dire :

  • Certains champignons se relient par leur mycélium aux racines des arbres pour s’entraider
  • Les arbres fournissent du sucre aux champignons en échange d’eau et de sels minéraux
  • Les arbres qui en bénéficient poussent mieux

mycorhizes

On distingue trois types de champignons :

Les saprophytes

  • Les champignons saprophytes (ou saprophages) se nourrissent de matière organique morte ou en décomposition. Ils jouent un rôle essentiel dans la décomposition de la matière organique morte, comme les feuilles, les branches ou les débris végétaux. En décomposant la matière organique complexe en composés plus simples, ils libèrent des éléments nutritifs dans le sol.
  • Bien que les interactions directes entre les champignons saprophytes et les champignons mycorhiziens soient limitées, les champignons saprophytes contribuent à la disponibilité des nutriments, ce qui peut bénéficier aux champignons mycorhiziens en fournissant des substrats organiques. Puisque les saprophytes se nourrissent de matière morte, ils ne sont pas connus pour attaquer directement les graines d’arbres vivants.
  • Généralement, dans les sols cultivés, il reste 20% de saprophytes et 80% de bactéries. Lorsque l’on met le champ en jachère les champignons saprophytes croissent et les pathogènes disparaissent. Donc ces champignons saprophytes jouent un rôle important pour revitaliser les sols appauvris à cause des cultures.

Les endomycorhiziens

  • Les mycéliums des champignons endomycorhiziens pénètrent dans les racines des plantes et forment des structures appelées « arbuscules » ou « vésicules » à l’intérieur des cellules racinaires de la plante hôte. Grâce à cette symbiose, ces champignons améliorent le prélèvement dans le milieu extérieur des nutriments minéraux qu’ils apportent à leur partenaire végétal, l’arbre.
  • En zone tropicale les champignons endomycorhiziens dominent, bien que l’agriculture ait un impact très négatif sur ces communautés de champignons à arbuscules (Arbuscular mycorrhizal fungal communities in sub-Saharan Savannas of Benin, West Africa, as affected by agricultural land use intensity and ecological zone). Ils sont plus fréquents dans la zone sahélienne-soudanienne, au climat plus sec, et s’associent avec des espèces d’arbres telles que :

arbres à endomycorhizes

  • Les endomycorhizes ne produisent généralement pas de sporocarpes (ce que l’on appelle communément des « champignons », visibles en surface, qui contiennent les spores nécessaires à la reproduction) et ne sont donc présents que dans le sol, autour des racines des plantes hôtes. Pour récolter de l’inoculum il est nécessaire de prélever une partie de la racine de l’arbre hôte.
  • Les champignons endomycorhiziens se reproduisent principalement de manière asexuée, en produisant des spores à l’intérieur des racines des plantes avec lesquelles ils forment une symbiose. Ces spores, les arbuscules, sont des structures spécialisées qui permettent au champignon de se propager à l’intérieur des cellules racinaires de la plante hôte.

L’inoculum naturel est le moyen le plus simple et le moins coûteux pour réaliser une mycorhization et il existe une technique très simple :

  • Quelques semaines avant le début des pluies, remplir une chaussette avec du riz et l’enterrer sous un arbre mature des espèces Parkia, Pterocarpus, Khaya, Prosopis, Erythrophelum, Daniellia, Anogeissus ou Adansonia (la probabilité est grande que cet arbre héberge des champignons endomycorhiziens dans ses racines)
  • Déterrer après quelques semaines: le riz est plein de mycorhizes (des sortes de filaments blancs). Mais attention: les hyphes du mycélium sont fragiles et ne doivent pas être coupées. Une hyphe isolée du réseau mycélien ne pourra pas survivre. Il faut donc retirer la chaussette et la terre autour de la chaussette
  • Enterrer cette chaussette terreuse dans la partie la plus humide du sol du terrain reboisé, près des graines semées à dès que les graines germeront, elles se lieront avec le mycélium du champignon qui les aidera à pousser

Les champignons Ectomycorhiziens

  • Les champignons ectomycorhiziens sont capables de mobiliser et de transférer vers la plante hôte les nutriments piégés dans la matière organique du sol (carbone, mais aussi azote, notamment celui de la chitine). Ils régulent l’équilibre entre le CO2 de l’atmosphère et la quantité d’azote dans le sol en accélèrent ou réduisant la photosynthèse. Ils inhibent la respiration dans les sols par les micro-organismes, réduisant la sortie de carbone des écosystèmes. Enfin, la litière des arbres ectomycorhizés se décompose lentement du fait de la présence de composés secondaires freinant la dégradation de la matière organique, ce qui aide à séquestrer du carbone dans le sol. Ces symbioses ectomycorhiziennes jouent donc un rôle clé dans la régulation du climat. Les ectomycorhizes jouent aussi un rôle majeur dans l’absorption de minéraux comme le phosphore et le potassium.
  • Les champignons ectomycorhiziens sont plus rares. On les trouve plutôt dans les forêts tropicales et humides de la zone guinéenne où ils s’associent à des espèces d’arbres telle qu’Afzelia, Isoberlinia et Uapaca. Cela est particulièrement valable pour Isoberlinia et Uapaca qui poussent sur des sols cuirassés et pauvres.
  • En Guinée forestière les champignons ectomycorrhiziens sont le plus souvent issus des genres Russula, Amanita et Lactarius. Les ectomycorhiziens ont des sporocarpes (les champignons visibles à la surface du sol), donc il est plus facile de récolter leurs spores !
  • L’avantage particulier des ectomycoryziens c’est la capacité à fournir l’azote organique du sol à l’arbre.

Comment utiliser les champignons ectomycorhiziens ?

  • L’inoculum naturel est le moyen le plus simple et le moins coûteux pour réaliser une mycorhization. Il peut être réalisé sous la forme de sol et d’humus de vieilles plantations contenant des ectomycorhizes, de broyat de sporophore, de spores ou encore de racines excisées. L’inoculation des pépinières avec des spores a été la pratique la plus courante en raison du nombre de spores disponibles chez des champignons qui fructifient abondamment en forêt et en plantation.
  • Dans la pratique, les racines peuvent être pralinées par une suspension de spores ou saupoudrées avec des spores sèches. Les graines peuvent être aussi enrobées de spores, juste avant le semis.
    • Récolter aux alentours du mois de mai, dans des forêts à Afzelia, Isoberlinia ou Uapaca, des champignons ectomycorhiziens à maturité
    • Chercher un endroit sombre, à l’abri de la lumière
    • Placer 10 champignons par seau de 10 litres d’eau
    • Ecraser et mélanger jusqu’à obtenir une purée liquide de chair de champignon pleine de spores
    • Laisser infuser 24 heures
    • Ajouter une cuillère de sucre dans la solution et mélanger
    • Tremper les graines d’arbres dans la purée de champignons et mélanger
    • Semer les graines pralinées

Une observation intéressante : Parmi les 40 espèces d’arbres d’arboRise, les espèces de début de saison recourent plus volontiers à l’aide des mycorhizes :

mycorhizes et espèces d'arbres

Ce n’est pas surprenant : en janvier-février c’est la saison sèche et mars est le mois le plus chaud. Donc il est très utile, pour ces espèces d’arbres qui souffrent du climat, de pouvoir s’associer avec des champignons sous la terre qui leur procurent de l’eau en échange de sucres.

Qu’est-ce que nous allons tester en 2024 ?

  • L’ONG AGIDE au Togo, dirigée par Monsieur Kossi Agbalenyo, est spécialiste de l’utilisation des mycorhizes en agriculture et en reforestation. Le MYCOTRI, commercialisé par AGIDE, un produit 100% naturel, contient des spores de champignons saprophytes, avec lesquelles nous enroberons nos graines d’arbres. Ces champignons décomposeront la matière organique présente dans les terrains reboisés et diminueront la quantité de bactéries dans ces sols appauvris par les cultures. Cela favorisera l’arrivée de champignons ectomycorhiziens et endomycorhiziens qui favoriseront la croissance de nos arbres
  • Nous allons inciter quelques familles-terrains intéressées à tester les deux méthodes sur leurs champs:
    • cultiver des champignons endomycorhiziens avec la méthode de la chaussette
    • cultiver des champignons ectomycorhiziens pour faire de la purée de spores et y tremper les graines

mycotri et graines

Pour en savoir plus :

Une livre: Les champignons ectomycorhiziens des arbres forestiers en Afrique de l’Ouest, Amadou Bâ, Robin Duponnois, Moussa Diabaté and Bernard Dreyfus, 2017.

Visionnez les conférences de Marc-André Selosse, microbiologiste des sols spécialiste des mycorhizes:

Fonctionnement Biologique des Sols: https://www.youtube.com/watch?v=DAOdifyrfp4

  • Mycorhizes et réseaux mycorhiziens : De 4’47’20 à 5’35’30 (ectomycorhizes : 4’56’’30)
  • Diversité en forêt tropicale et succession : De 5’43’57 à 5’51’46
  • Mycorhizes et compétition entre espèces : 5’53’52 à 6’07’35 (à selon le mix d’espèces d’arbre par village on aura des résultats différents avec le Mycotri parce que celui-ci favorisera certaines espèces qui prendront l’avantage sur d’autres)
  • Les champignons sont aussi dans les feuilles ! : 6’24’27 à 6’29’00

La Mycorhization – les Mycorhizes

  • Les ectomycorhizes https://www.youtube.com/watch?v=pmjWysrPyJI
  • Apport de minéraux non-organiques par des ectomycorhiziens: https://www.youtube.com/watch?v=6KbnCzU9yRM
    • 4’20’’ : certains ectomycorhiziens peuvent apporter des ressources minérales à l’arbre
    • 8’37’’ : inoculation difficile seulement avec des spores… « souvent on trouve les champignons mycorhizien dans le bois mort parce que le bois mort garde le mieux l’eau que les champignons vont chercher », « en zone tropicale la décomposition est forte et les endomycorhiziens suffisent »)
  • Applications https://www.youtube.com/watch?v=pJPze25Vods 6’12’’ renaturation de terres agricoles: reboiser un terrain cultivé avec fertilisants artificiels est difficile puisqu’il n’y a plus de mycorhizes. Il faut apporter les mycorhizes sur les plants de pépinière

 

Récolte des graines

Récolte de graines avec le bambou

La récolte des graines a commencé dans les villages du deuxième groupe (vous vous souvenez: les 26 villages sont répartis en trois groupes qui correspondent avec la période de maturité des arbres: le 1er groupe de villages récolte des graines d’arbres arrivant à maturité en janvier-février, le 2ème groupe pour les arbres de mars-avril et le 3ème groupe récolte sur des arbres dont les graines sont mûres en mai-juin).

La technique de récolte diffère en fonction de l’espèce d’arbre. Ici, sur le Uapaca Somon, les femmes utilisent de longs bambous légers au bout desquels elles fixent des lames pour arracher les grappes de graines au sommet de l’arbre.

Préparation du bambou de récolte Récolte de graines avec le bambou arrachage des grappes de graines de uapaca somon

Pour d’autres espèces, les femmes ramassent les graines tombées au sol:

ramassage des graines

Toutes les familles-graines ont été munies de grandes bâches pour faciliter le ramassage des graines (voir l’actualité « des équipements pour les familles« ). Sur ces images les récolteuses ne les utilisent pas.

Ensuite les graines seront séchées avant d’être amenées au village pour le comptage et le mélange.

 

Des équipements pour les familles

Les familles guinéennes engagées dans le projet sont extrêmement pauvres. Elles manquent d’habits et d’outils, même pour leurs activités agricoles habituelles. Lors de la première année du projet, les participants avaient souhaité un signe distinctif de leur appartenance au projet, que nous leur avons fournis, bien que nous soyons sceptiques sur leur réelle utilité. La deuxième année nous avons fourni des bâches aux familles-graines et des bottes aux familles-terrains:

  • Les grandes bâches ARBORISE-GUIDRE sont à placer sous l’arbre semencier pour y récolter les graines, pendant la durée de la phase de récolte.
    • La bâche rend les graines bien visibles et facilite la récolte.
    • Elle protège surtout contre les animaux qui pourraient se cacher dans les herbes ou les branchages sous les arbres.
    • Elle protège également contre les écorchures dues aux herbes épineuses.
  • Les bottes ARBORISE-GUIDRE protègent le bas des jambes des familles terrains lors de leurs déplacements et de leurs travaux d’ensemencement, de défrichage et d’établissement des bandes de protection.

En 2023, suite à la consultation des parties prenantes, nous avons choisi une approche plus fine: chaque famille a pu, au moyen d’un questionnaire, choisir l’équipement individuel qui lui serait le plus utile. Comme on le voit ci-dessous les choix se sont portés avant tout sur les bâches, les imperméables et les bottes:

Equipements individuels individual equipments

Pour favoriser la collaboration nous avons également proposé des équipements collectifs dans chaque village. Les familles-graines, en majorité des femmes, ont opté pour des grillages et les familles-terrains, en majorité des hommes, ont choisi des des charrues:

Equipements collectifs shared equipments

Mais pourquoi les femmes ont-elles choisi des grillages?! Il faut savoir que, dans la plupart des village, les femmes constituent ensemble des périmètres maraîchers où elles cultivent des légumes (oignons, aubergines, etc.), chacune sur une petite parcelle, un peu comme dans des jardins familiaux. Or ces périmètres maraîchers doivent être protégés contre le bétail et les animaux sauvages, en général par des barrières en bois. En région tropicale ce bois mort se décompose très rapidement, à cause de l’humidité à la saison des pluies et à cause des insectes. Les femmes doivent donc continuellement aller chercher du bois pour entretenir la barrière et cela leur prend beaucoup de temps, en plus de toutes les tâches qu’elles ont à assumer. On comprends mieux l’utilité des grillages: c’est plus durable et c’est un gain de temps important.

Transporter 326 bâches, 160 imperméables, 57 paires de bottes, 104 rouleaux de grillage et 25 charrues n’est pas une mince affaire, surtout sur les routes guinéennes. Mais le petit bus, plein à craquer, a parfaitement rempli sa mission:

chargement des équipements

Les équipements sont bien arrivés à Linko où ils ont été répartis en 26 lots (un pour chaque village):

Déchargement des équipements

Et au final, chaque Comité de Gestion Communautaire a réceptionné les équipements collectifs dans son village, et chaque famille a reçu l’équipement individuel qu’elle avait commandé. Nous avons pu le vérifier dans les villages de Linko, Kala, Sékamadou et Koyola, lors de notre visite terrain du mois de mars.

Au final notre projet contribue à accroître la sécurité et à diminuer la pénibilité du travail dans les communautés, et à susciter de grands sourires:

 

 

Nouveau cycle à Samana

arboRise en Guinée
En 2024 arboRise lance un nouveau cycle de reforestation dans la sous-préfecture de Samana, voisine de Linko.
Cela fait plusieurs mois que cette nouvelle étape se prépare, avec une visite de reconnaissance en juin 2022, une consultation des parties prenantes dans cinq villages en janvier 2023 et l’étude de faisabilité avec notre deuxième partenaire, EcoAct, jusqu’à l’envoi du document de description du projet au standard Verra en décembre 2023.
Ces images de notre reconnaissance en juin 2022 montrent la similitude entre Linko et Samana où nous avons observé la même densité de population, le même type d’agriculture, la même déforestation …et le même accueil enthousiaste dans les villages:
vues de la Préfecture de Beyla 1  vues de la Préfecture de Beyla 2
Cet accueil chaleureux se confirme lors de la consultation des parties prenantes, avec notre partenaire EcoAct : tant les autorités préfectorales que sous-préfectorales ou villageoises (chefs de villages, conseils des sages) nous promettent tout leur soutien pour assurer le succès du projet dans leur région:
Le Préfet de Beyla  Devant le bureau de la sous-préfecture de Samana
Dans le village de Sokourala l’instituteur organise même pour nous un défilé de sa (nombreuse) classe et des récitations par ses élèves. C’est l’occasion rêvée de lui offrir « l’homme qui plantait des arbres » de Jean Giono (qui a inspiré le projet arboRise), à lire avec les enfants.
cortège des enfants de Sokourala récitations des enfants de Sokourala Remise de "l'homme qui plantait des arbres" à l'instituteur de Sokourala
Consultation des parties prenantes
La consultation des parties prenantes (ci-dessus) permet de présenter le projet, ses bénéfices mais aussi ses risques, pour ensuite recueillir les réactions et les demandes de la population dans des «focus groups» (ci-dessous Solène et Axelle d’EcoAct en grande conversation avec les femmes du village de Gbeife):
consultation des femmes 1 consultation des femmes 2
Mais vous vous demandez « c’est où Samana ?! » 
On voit ci-dessous la carte de la Guinée et la zone A, qui représente le périmètre que nous avons commencé à reboiser en 2021 (la sous-préfecture de Linko se situe dans le tiers supérieur de la zone A). A droite, la région B est notre deuxième périmètre de reboisement, et la sous-préfecture de Samana se situe tout à l’Ouest de cette région B, juste à côté de Linko (Samana est ici sur Google Maps). L’objectif de ce deuxième projet est de reboiser cette région en sept ans, avec ici aussi, l’aide de 2000 familles issues de 100 villages.
arboRise en Guinée
Cette extension s’inscrit dans l’objectif statutaire de la fondation arboRise : « Les campagnes de reforestation de la fondation sont mises en œuvre dans les pays situés au sud de l’Afrique de l’Ouest (notamment Guinée, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin) dans le but de créer un corridor de faune et de flore reliant, par des agroforêts, les parcs naturels de ces pays ». On le voit bien sur l’image ci-dessus : les régions A et B (et la future région C) bordent les parcs naturels et les réserves de faune de Haute-Guinée. Chaque région de reforestation peut être schématisée sous forme d’un rectangle de 30km x 80km et on voit ci-dessous une projection ce fameux futur corridor naturel entre deux grandes réserves naturelles.
corridor écologique

Cela semble ambitieux ? Certainement. C’est proportionnel à l’enjeu, car le réchauffement climatique touche ces régions de plein fouet et il faut urgemment créer une barrière contre la progression du désert en renforçant la biodiversité.

Dans l’immédiat notre défi est de bien réussir notre intégration à Samana, qui commence par l’identification des 25 villages que nous allons accompagner pendant les 3 prochaines années. Pour cela il faut constituer une équipe, trouver un lieu pour notre base vie, acheter le matériel nécessaire, …et trouver les financements ! et ça c’est le rôle de notre partenaire EcoAct qui recherche activement un acteur intéressé par le carbone que notre projet va absorber.
A ce propos, vous n’êtes toujours pas convaincu.e par les crédits carbone ? C’est compréhensible parce que c’est complexe : c’est pourquoi on a récapitulé tous les arguments pour ou contre dans ce dialogue sur la compensation carbone. Bonne lecture !

Lancement de la campagne 2024 à Linko

Campagne 2024 à Linko

Le 16 janvier c’est la saint Marcel, le patron des grainetiers. Cela tombe bien, c’est aujourd’hui que nous lançons la campagne 2024 dans la sous-préfecture de Linko.

Ce sera la troisième et dernière année du cycle de reforestation dans la Commune Rurale de Linko. L’année prochaine débute un nouveau cycle de trois ans dans la sous-préfecture voisine de Damaro. Mais avant cela, il y a encore beaucoup à faire:

  • D’abord vérifier que les travaux 2023 ont bien été achevés et que les terrains reboisés jusqu’ici sont bien signalés et protégés par des pares-feux efficaces.
  • Ensuite il faut répéter les consignes de prévention des feux et d’entretien des terrains.
  • C’est aussi l’occasion de mettre en évidence les bons exemples: les bandes de protection modèles, les taux de germination élevés, les haies-vives fournies, etc.
  • Et enfin c’est le moment de lancer les travaux de récolte de graines, de planifier les dates de livraison, d’identifier de nouvelles familles-terrains, etc.

C’est lors de cette première tournée dans les villages du premier groupe que Mme Saran Keita, à Fanzan, nous a montré les superbes plants de pois d’Angole semés en mai 2023 et dont la récolte s’annonce très prometteuse, son sourire en est la preuve:

KZLAN23 : un immense succès

KZLAN23

La KZLAN23, la levée de fond virtuelle organisée par Karnotz Corp a permis de lever plus de Fr. 22’800.- pour arboRise !!!

960 donations en 48 heures, une performance impressionnante et des moyens vraiment bienvenus pour notre campagne de plantation 2024.

MERCI à tous.te.s les streameureuses qui ont animé infatigablement cet événement, en organisant des défis, en fixant des objectifs, en motivant leurs followers à récolter des dons. Quel travail!

Streameurs et streameuses

Voilà qui change l’image habituellement associée au streaming. Nous avons découvert:

  • une équipe de jeunes soudée, accueillante et très reconnaissante envers l’action d’arboRise pour l’environnement
  • une organisation impressionnante (journaliste invitée, 2 photographes, studio d’enregistrement d’interview)
  • un matériel à la pointe de la technologie
  • une ambiance festive, joyeuse et pimentée de grands éclats de rire et d’exclamations de fierté
  • des centaines de followers qui suivent les jeux et les défis en direct

…bref, tout l’inverse de ce qu’on imaginait. Vive les streamers ! vive les streameuses !

Merci à Antonin « Shine » Victor et à l’équipe de Karnotz Corp de créer ainsi des ponts entre des mondes qui jusqu’ici ce se parlaient pas. Merci aussi à Exploria pour la mise à disposition des lieux parfaitement adaptés. Et MERCI à toutes les donatrices et tous les donateurs pour votre soutien très généreux lors de cette KZLAN23 💚💚💚💚💚💚💚

chez Explorit