La reforestation est une thématique complexe. Voici quelques pistes de réponses

Pourquoi la Haute-Guinée?

Réponse

  1. La Guinée est le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest: les fleuves Niger, Sénégal et Gambie y naissent et alimentent ces pays en eau. Des millions de personnes en dépendent dans toute l’Afrique de l’Ouest. Pour éviter le tarissement il faut protéger ce que l’on appelle la «tête de source»: le lieu où le fleuve prend sa source: la Guinée.
  2. Toute la partie côtière de la Guinée ainsi que la Guinée Forestière sont encore relativement bien boisées. La déforestation et la désertification se manifeste en particulier en Haute-Guinée en raison du climat soudano-sahélien et de l’influence de l’Harmattan, un vent qui traverse le Sahara du Nord-Est vers le Sud-Ouest et assèche tout sur son passage. Or les forêts sont des brise-vent efficaces. Reboiser en Haute-Guinée c’est protéger le reste de la Guinée de l’influence de l’Harmattan
  3. La déforestation de la côte de l’Afrique de l’Ouest a eu un impact sur la pluviosité au Sahel. Plusieurs études établissent un lien entre la diminution de la couverture forestière de la côte sud de l’Afrique de l’Ouest et la disparition de la mousson africaine. . Il est probable que la reforestation aura l’impact inverse (cet article scientifique permet d’approfondir le sujet: Continental-scale consequences of tree die-offs in North America: identifying where forest loss matters most)
  4. Planter en zone sahélienne est très ardu voire impossible à cause du manque d’eau. Kérouané et la chaîne du Simandou bénéficient d’une altitude qui permet une meilleure pluviométrie relativement à sa latitude. Pluviométrie annuelle:
    • Faranah: 1674 mm
    • Odienné: 1614 mm
    • Kérouané: 1937 mm
  5. Kérouané est relativement proche de la zone protégée du parc du Diwasi et de la réserve de Kankan, ce qui permet d’établir de nouveaux couloirs de faune.
  6. Le Professeur Thomas Crowther est une sommité en matière d’étude du climat. Son laboratoire, le Crowther Lab, a calculé que planter 900 millions d’hectares de forêts suffirait pour stopper le réchauffement climatique. Son équipe a également mesuré quels endroits sur Terre sont les plus propices pour la  reforestation. La région identifiée par arboRise obtient un score de pratiquement 70% d’adéquation:

Pêcheur sur le fleuve Milo, près de Sabadou-Baranama:

Qu’en est-il des aspects fonciers?

Réponse

  • Obtenir un terrain à reboiser sans devoir l’acheter ni empiéter sur les activités humaines n’est pas aisé, en particulier parce que le droit foncier est lacunaire et qu’il manque un cadastre. Cette étude détaillée permet de prendre conscience des subtilités de la gestion foncière en Guinée
  • Seule solution: identifier le terrain en collaboration avec les autorités nationales et surtout locales, qui sont logiquement motivées à négocier lorsque leur interlocuteur arrive avec un projet crédible et des moyens.

Vue vers l’Est sur la plaine proche de Damaro, depuis la crête de la chaîne du Simandou:

 

Sur quel type de terrains les graines sont-elles semées?

Réponse

  1. Pour être pérennes les actions d’arboRise s’intègrent autant que possible dans la réalité agricole et les usages socio-culturels locaux. arboRise évite tout type d’interventions marquées et préfère s’appuyer sur les bonnes pratiques existantes sur place, quitte à les renforcer.
  2. Le cycle cultures-jachères-savane-forêt secondaire est, par exemple, un élément du contexte sur lequel arboRise s’appuie pour l’identification de terrains propices à la reforestation. Concrètement on cherchera avec la population des villages quelles jeunes jachères pourraient bénéficier d’un ensemencement de ligneux pour que la couverture arborée accélère la restauration du sol et procure un capital forestier pour la génération suivante ainsi que des produits utiles au village.
  3. La création de telles «agroforêts» fait partie de ces bonnes pratiques appliquées dans toute la zone sahélienne depuis longtemps (référence: Agroforestry parkland systems), mais parfois oubliées suite aux aléas historiques qu’ont connus ces régions. arboRise contribue à rétablir de telles forêts en procurant les graines et en finançant l’ensemencement.
  4. A notre sens, une agroforêt est constituée d’un mélange d’essences forestières locales dont les produits sont utilisés pour leur consommation propre par les populations locales. Cette précision terminologique nous semble utile car il faut hélas constater que ce terme est de plus en plus utilisé pour décrire des plantations de cultures de rente (monocultures d’anacardiers, de caféiers, etc.) pour l’exportation.

Qui se charge des opérations sur le terrain?

Réponse

  • Sur recommandation de M. Thierno Ibrahima Diallo, Ingénieur national du PNUD à Kankan et directeur du projet AbE («Adaptation basée sur les écosystèmes»), arboRise s’appuie sur les compétences de l’ONG Guidre (Guinée Développement Rural et Environnement) qui mène depuis 20 ans de nombreux projets de reforestation et de développement pour des institutions telles que le PNUD, l’UNICEF, USAID, etc.
  • Guidre est basée à Faranah et y dispose d’une infrastructure exemplaire et d’un personnel formé et compétent. arboRise a pu se faire une opinion du professionnalisme de cette ONG lors d’une visite sur le terrain à Dalafinali:

Comment se fait le choix des familles qui récoltent les graines?

Réponse

  • Le critère de sélection principal est la présence, sur le terrain de la famille, d’un arbre semencier en bonne santé en âge de se reproduire et issu des 40 espèces choisies par arboRise. L’évaluation de la santé de l’arbre est faite par un spécialiste de la sylviculture guinéen.
  • La notion de propriété foncière étant très différente en Afrique qu’en Europe, il est important de tenir compte de l’opinion des autorités du village (chef du village, conseil des sages).
  • En cas d’hésitation entre deux familles proposant un arbre de même espèce, il sera tenu compte de la recommandation du conseil des sages, ainsi que des objectifs de développement durable des Nations Unies.

Une concession familiale: 

Pourquoi se limiter à 40 espèces forestières?

Réponse

  • On compte en entre 200 et 250 espèces par hectare de forêt tropicale. 40 espèces représentent donc environ un cinquième des essences existantes, c’est un bon début pour une forêt. Et c’est bien plus que la plupart des projets de reforestation qui se limitent à 3-4 variétés. Il n’est pas exclu qu’arboRise aille au-delà de 40 espèces à l’avenir

Pourquoi ne pas privilégier des arbres oxalogènes ?

Réponse

  • Pour rappel : un arbre oxalogène a la capacité de fixer le gaz carbonique dans le sol sous forme de calcaire (en plus du stockage de CO2 dans sa biomasse grâce à la photosynthèse). Cette particularité rend ces arbres très précieux pour la mission d’arboRise. Le stockage du carbone sous forme minérale présente l’avantage supplémentaire d’être une solution à long terme puisque le temps de résidence du carbone minéral dans les sols est 100 à 1000 fois supérieur à celui du carbone organique. En effet le carbone organique (tronc, branche, racines) sera tôt ou tard coupé ou brûlé alors que le calcaire constitué par l’arbre oxalogène restera très longtemps dans le sous-sol. Accessoirement l’accroissement du calcaire dans le sol en réduit l’acidité, ce qui est favorable aux cultures.

  • ArboRise est convaincue des vertus de la (bio-)diversité et pour cette raison la liste des 40 espèces ne contient pas que des arbres oxalogènes. Ne promouvoir que ce type d’arbre conduirait à une forme de monoculture peu durable.

  • De nombreuses études montrent que c’est la diversité des espèces forestières présentes sur une placette de reboisement qui renforce la fixation de carbone (p.ex. : « Furthermore, early TreeDivNet results indicate that the performance of high carbon sequestering species might be contingent upon the diversity level of the plot in which they are growing. » tiré de Contributions of a global network of tree diversity experiments to sustainable forest plantations).

  • Cinq espèces oxalogènes figurent parmi les 40 essences d’arboRise : Milicia excelsa (iroko), Afzelia africana (lingué), Bombax costatum (kapokier rouge), Ceiba pentandra (fromager), Detarium senegalense (boiré)

  • Pour approfondir le sujet :

     

     

Pourquoi 10'000 graines par hectare?

Réponse

  • La plupart des spécialistes du semis direct aérien en sylviculture recommandent une densité supérieure au semi direct au sol. Les estimations (pour les régions tempérées) vont de 10'000 à plus de 12'000 graines par hectare. Dans le contexte climatique de la Guinée, favorable à la germination (pluviométrie, photopériode), arboRise opte pour une densité de 10'000 graines par hectare. Cette quantité tient compte de deux éléments: Premièrement nous n'avons pas à faire à des terrains complètement nus, deuxièmement puisque nous visons des terrains aux sols plutôt pauvres, une densité trop importante engendrerait ultérieurement une compétition potentiellement néfaste entre les plants.  
  • On peut comparer cette densité de graines par hectare aux résultats de l’étude de Hérault et al. (The long-term performance of 35 tree species of sudanian West Africa in pure and mixed plantings, 2019) qui ont planté, il y a 30 ans, un mélange d’espèces forestières pratiquement identique à celui d’arboRise dans la station de Korhogo en Côte d’Ivoire, à 400 km de Kérouané, avec une densité de 1250 plants par hectare. Trente ans plus tard il en reste 500 par hectare, une densité tout-à-fait normale pour une forêt secondaire tropicale.

Pourquoi 5 millions de graines par année?

Réponse

  • chez arboRise on aime les chiffres ronds, c’est plus simple. 5 millions de graines est encore une quantité gérable par une petite structure. Cela représente 250 familles de cultivateurs qui récoltent chacune au minimum 20'000 graines parmi 40 espèces d’arbres (donc 125’000 graines par espèce). Ces 40 x 125’000 graines sont réparties sur 500 hectares à raison de 10'000 graines par hectare (une graine à chaque mètre carré). 500 hectares c’est 5 kilomètre carrés, soit plus que la moitié du Lac de Joux en Suisse.

Combien de campagnes de reboisement avez-vous déjà faites ?

Réponse

  • arboRise est une jeune ONG fondée en 2020. Un projet pilote a été mené à Kérouané en mars 2020 avec 10'000 graines de 18 espèces tropicales pour comparer différents modes de conditionnements (avec ou sans enrobage, avec ou sans hydrorétenteur, avec ou sans mycorhizes). Les résultats de l’expérience n'ont pu être exploités à cause des restrictions d'accès dûes à la pandémie.
  • En 2021 arboRise a testé le concept participatif dans 8 villages avec 75 familles-graines et 75 familles-terrains, pour un reboisement de 150 hectares.
  • La première campagne de grande ampleur a eu lieu en 2022 sur 500 ha avec 500 familles de 26 villages
  • En 2023 arboRise a à nouveau reboisé 500 hectares avec les mêmes 500 familles

Le concept de seedballs fonctionne-t-il vraiment?

Réponse

  • Le concept de boulettes de graines est appliqué au Kenya (www.seedballskenya.com) et en Côte d’Ivoire (http://www.seedballsci.com/)
  • En Amérique du Sud, on pratique depuis longtemps la Muvuca, une approche semblable.
  • Selon certaines études la technique des seedballs permet d’éviter les 20% à 30% de pertes de semences dues aux rongeurs, aux oiseaux et aux parasites, cela semble un investissement raisonnable pour augmenter les chances de germination.
  • Une expérimentation sur le terrain à Kérouané est en cours et va fournir des résultats à la fin de la saison des pluies (octobre 2020)
  • En comparaison, les plantations de monocultures de teck ou d'hévéa sont visuellement spectaculaires. Il y a des pertes lors de la transplantation, mais ces plantations sont probablement plus denses au début de leur vie. Les problèmes surviennent plus tard, à cause du manque de biodiversité : ces monocultures sont fragiles par rapport aux ravageurs et aux maladies. Il suffit d’un couple de chenilles processionnaires (thaumetopoea pityocampa) pour détruire toute une plantation de pins.
  • La biodiversité est une caractéristique des forêts tropicales avec, pour se prémunir des pressions biotiques, une plus grande distance entre arbres adultes d'une même espèce par rapport aux forêts tempérées. L'approche d'arboRise (grande diversité d'espèce, semis direct de graines protégées) tient compte de cet impératif de biodiversité.

Combien de carbone une forêt absorbe-t-elle par année?

Réponse

  • La combustion d’énergies fossiles et la déforestation relâchent 9,3 gigatonnes de carbone (GtC) par année, que les forêts (- 2,6 GtC) et le phytoplancton des océans (- 2,5 GtC) ne réabsorbent que partiellement.
  • En dehors des océans, les stocks de carbone se concentrent principalement dans les forêts:
    • Biomasse hors forêt:  122
    • Biomasse forestière:  488
    • Sols forestiers:  632
    • Sols non forestiers:  948
    • Atmosphère:  750
  • Ce sont les mangroves, les forêts boréales et tropicales qui stockent le plus de carbone par hectare (tC/ha), et ce sont les forêts tropicales qui absorbent le plus de carbone par année par hectare ((tC/ha)/an) (source: GIEC

Biome
Surface (ha en milliards)
Végétation (GtC)
Sol (CtC)
(tC/ha)/an – (tC/ha)an
1. Forêt tropicale
1. 1,76
1. 212
1. 216
1. 243 – 4 à 8
2. Forêt tempérée
2. 1,04
2. 59
2. 100
2. 153 – 1,5 à 4,5
3. Forêt boréale
3. 1,37
3. 88
3. 471
3. 408 – 0,4 à 1,2
4. Savane tropicale
4. 2,25
4. 66
4. 264
4. 147
5. Prairie tempérée
5. 1,25
5. 9
5. 295
5. 243
6. Désert et semis déserts
6. 4,55
6. 8
6. 191
6. 44
7. Toundra
7. 0,95
7. 6
7. 121
7. 134
8. Zones humides
8. 0,35
8. 15
8. 225
8. 686
9. Terres cultivés
9. 1,6
9. 3
9. 128
9. 82

*Défilez le tableau vers la gauche pour voir davantage

Entre Carbone, CO2, biomasse, comment s’y retrouver?

Réponse

Commençons par le calcul du stock de carbone:

  • La biomasse est la matière organique dans une région. Dans notre contexte, c’est la biomasse ligneuse qui nous intéresse, c’est-à-dire le poids total des arbres sur une surface donnée, en général un hectare. Cette quantité varie en fonction du type d’arbres (qui dépend de la zone climatique, de la pluviométrie, de l’ensoleillement, etc.) et de l’âge de la forêt. Important: on distingue la biomasse en surface (AGB: above ground biomass) qu’il est plus facile à estimer, et la biomasse sous-terraine (racines, etc.). En connaissant la densité du bois (différente chez chaque espèce) et le volume d’un arbre (estimations basées sur des statistiques) on peut calculer sa biomasse aérienne et estimer sa biomasse sous-terraine.
  • Pour calculer la biomasse d’une forêt, il faut connaître la proportion de chaque espèce ainsi que la densité d’arbres par hectare. Par convention, les scientifiques et les sylviculteurs se concentrent sur les tiges (troncs) dont le diamètre est supérieur à 10 cm. A cela il faut encore ajouter la biomasse du bois mort présent dans la forêt.
  • Le bois contenant environ 50% d’eau, on divise le poids obtenu par deux pour obtenir la quantité de biomasse sèche. Puis on divise à nouveau par deux pour obtenir le poids de carbone.
  • Pour stocker ce poids de carbone, la forêt aura dû absorber du CO2 (qui pèse 3,67 fois plus): 1 tonne de carbone correspond à 3,67 tonnes de CO2. Lorsque l’on parle, dans le langage courant, de consommation de CO2, il faut ainsi chaque fois penser à la convertir en consommation de carbone. Une personne consomme en moyenne 12 tonnes de carbone par année (donc 44 tonnes de CO2).

Une fois qu’on a calculé le stock de carbone d’une forêt, on peut s’intéresser aux flux.

  • Les échanges gazeux des forêts se décomposent comme ceci:
    • Grâce à la photosynthèse, le feuillage de toutes les forêts absorbe au total 120 gigatonnes de carbone (GtC) par année
    • Cependant la respiration autotrophe de la biomasse vivante relâche 60 GtC/an
    • A cela s’ajoute le carbone qui repart dans l’atmosphère à cause de la décomposition du bois mort: 50 GtC/an
    • Sans oublier les perturbations (récoltes, incendies, etc.) qui enlèvent environ 9 GtC par année aux forêts
  • Il faut ainsi distinguer la « production primaire brute » (gross primary production, GPP) – c’est-à-dire tout le carbone absorbé par la forêt – de la « production primaire nette » (net primary production NPP): le carbone absorbé moins le carbone ré-émis dans l’atmosphère.
  • En zone tropicale on estime que la production primaire brute se situe entre 30 et 40 tonnes de carbone par hectare et par année (les spécialistes parlent de mégagrammes par hectare et par année, notés MgC/ha/an), alors que la production primaire nette se situe entre 1,7 et 21,7 MgC/ha/an et par année, selon l’article de Clark et al. qui fait référence Net primary production in tropical forests: an evaluation of existing field data. Cette même source indique pour Grand Yapo, en Côte d’Ivoire, une NPP aérienne de 7,9 MgC/ha/an (il faudrait y ajouter la fixation de carbone sous-terraine).
  • Le GIEC utilise depuis 2006 une fourchette moins large et évalue la fixation nette de carbone par la forêt tropicale entre 4 et 8 MgC/ha/an. Ces estimations sont constamment affinées, en fonction de la zone géographique (Amérique du Sud, Asie, Afrique) et du type de forêt (forêt primaire, forêt secondaire en dessous de 20 ans, respectivement plus âgée que 20 ans). Ce sont les jeunes forêts tropicales africaines qui absorbent le plus de carbone (source: Suarez et al. 2019: Estimating aboveground net biomass change for tropical and subtropical forests: Refinement of IPCC default rates using forest plot data)

 

Les arbres sont-ils utiles à autre chose que l'absorption de CO2?

Réponse

 

A la différence des animaux et des humains, les arbres ne se font pas remarquer, ils sont paisibles et lents. Dans notre monde qui valorise la dépense d’énergie, on les oublie et on néglige aussi les nombreux services écosystémiques qu’ils nous rendent. 

 

Premièrement il y a les services "de support", ou d'auto-entretien, qui créent les conditions de base au développement de la vie sur terre. Par exemple la formation des sols ou la production d'oxygène sont étroitement liées à des activités biologiques remontant à plusieurs milliards d'années, qui ont permis l'établissement de la vie telle que nous la connaissons actuellement. C’est valable aussi pour le recyclage des nutriments (la fixation du carbone), la production primaire de biomasse et la génération de l’eau potable. Ces services, difficilement quantifiables et manipulables par l'homme, sont à la base des autres services.

 

Deuxièmement, les services d'approvisionnement qui correspondent aux produits obtenus à partir des écosystèmes et dont nous, les humains, avons le plus immédiatement conscience :

  • Nourriture : produits alimentaires dérivés des plantes, des animaux ou des microorganismes (par exemple, les fruits, les champignons, la pêche, la chasse).
  • Fibres : bois, jute, coton, laine, soie ou chanvre.
  • Combustibles : bois, bouses et autres matériels biologiques servant de sources d'énergie.
  • Ressources génétiques :  gènes et informations génétiques utilisées en sélection variétale ou pour les biotechnologies.
  • Produits biochimiques ou pharmaceutiques : médicaments (antibiotiques par exemple), biocides (toxine Bt), adjuvants alimentaires (alginates).
  • Ressources ornementales : les arbres sont souvent utilisés comme ornements, on pense aux sapins de Noël, ou aux parcs de nos villes.

 

Troisièmement les services de régulation, qui rendent la vie possible pour l'humanité, bien souvent en modérant les phénomènes naturels :

  • Régulation de l'érosion: Le couvert végétal mais également les actions de bioturbation par les organismes du sol jouent un rôle important dans le contrôle de l'érosion et dans la prévention des glissements de terrain.
  • Régulation du climat : Les forêts réduisent les extrêmes de températures et augmentent les précipitations d'une région donnée. A une échelle globale, elles réduisent le réchauffement climatique en absorbant le CO2
  • Régulation de l'eau : par leur effet d’« éponge » les forêts modifient profondément les amplitudes du ruissellement, des inondations, de la recharge des aquifères, du potentiel de stockage de l'eau. Elles contribuent à éviter les crues.
  • Régulation de la qualité de l'air: Les arbres prélèvent des produits chimiques de l'air et émettent des produits chimiques vers l'atmosphère comme par exemple des micro-particules qui déclenchent les pluies.
  • Régulation des maladies et des bioagresseurs: Les forêts hébergent et retiennent de nombreux pathogènes humains (choléra par exemple, Covid probablement) ou de vecteurs de maladies (comme les moustiques). Déforester peut également affecter la prévalence des bioagresseurs.
  • Purification de l'eau : Les arbres aident à filtrer l'eau et à la débarrasser de ses impuretés; dans les sols, certains produits toxiques sont dégradés ou assimilés par les organismes.
  • Régulation des catastrophes naturelles: La conservation d'écosystèmes côtiers, comme les mangroves, peut réduire les dommages causés par les ouragans ou les tsunamis.

 

Enfin, les forêts dispensent des services culturels : leur importance pour l'âme humaine se manifeste dès les temps préhistoriques, dans les dessins d'animaux et de plantes que l'on trouve sur les murs des cavernes. Ces services peuvent être d'ordre…

  • spirituel et religieux: de nombreuses religions attachent une valeur sacrée aux écosystèmes : ainsi par exemple les "bois sacrés" en Afrique de l'Ouest
  • traditionnels: les forêts fournissent matière à de nombreux dictons et proverbes, inspirés par ses mutations saisonnières
  • éducatif: les arbres sont liés au développement de connaissances
  • esthétique et donc écotouristique: plaisir à se ressourcer dans les sentes forestières
  • patrimonial: maintien de paysages historiquement importants

 

Bien trop souvent on considère l’arbre comme un élément de décor ou comme une ressource. Couper un arbre c’est non seulement tuer un être vivant mais se priver aussi de nombreux services, discrets mais absolument essentiels. Planter un arbre, comme le fait arboRise en Haute Guinée, c'est fournir aux communautés locales l'ensemble des services écosystémiques ci-dessus.

En fait, comment prononce-t-on « arboRise »?

Réponse

  • Il y a bien-sûr un sens double dans «arboRise»: d’une part notre association arborise des zones dénudées de forêts, c’est la prononciation à la française (aʁ.bɔ.ʁi.ze), d’autre part notre mouvement contribue au soulèvement - croissance, mais aussi révolte - des arbres (du verbe anglais «to rise»), c’est la prononciation anglophone (aʁ.bɔ.raɪz). Nous ne sommes pas sectaires: les deux prononciations conviennent. Moins que les mots, ce sont les actes qui comptent

Le logo "arboRise" cache-t-il une signification particulière?

Réponse

Chacun.e est bien-sûr libre d'y voir ce qu'il.elle l'inspire. Voici une possibilité d'interprétation:

  • Cette main tendue dans ce qui pourrait être la couronne d’un arbre, dans une feuille ou une graine, représente soit l’aide apportée par arboRise soit l’appel à l’aide de la Nature, ou encore une main qui jette des graines en l’air, image du semis direct. Les doigts-branches sont écartés, similitude entre l’architecture d’un arbre et celle de parties du corps humain. Ce n’est pas le poing fermé qui appelle à la rébellion, puisque le soulèvement est déjà présent dans le RISE d'arboRise et que notre communauté se veut constructive et ouverte. La transparence de la main symbolise cette simplicité de la nervure qui transporte efficacement l’énergie utile à la croissance de la plante. D’ailleurs deux petites pousses jaillissent de part et d’autre pour figurer l’avenir.

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