Périmètres de conservation

cours d'eau

Pour augmenter l’impact environnemental d’un projet carbone, le Gold Standard demande à chaque projet de définir un périmètre de conservation équivalent à 10% de la superficie du projet. Cette zone doit être préservée de toute activité d’exploitation et ne peut pas prétendre à recevoir de revenus des crédits carbone. C’est véritablement un périmètre dédié à la biodiversité.

Plus facile à dire qu’à faire, car dans le cas d’arboRise cela implique de trouver plus de 180 hectares pour chaque cycle de 1500 hectares. Fort heureusement les communautés avec lesquelles nous travaillons sont très intéressées à préserver leur environnement. Elles savent exactement quels endroits, sur la superficie du village, sont importants. Il s’agit par exemple

  • des têtes de sources (là où l’eau jaillit de terre) qui sont très fragiles et vitales pour fournir l’eau nécessaire au village: pour la cuisine, pour le maraîchage, pour le nettoyage, etc.
  • des forêts sacrées, qui entourent fréquemment les villages et dans lesquelles il est interdit de pénétrer sous peine de très graves ennuis. Ces reliquats de forêt primaire sont de véritable réservoirs de biodiversité, pourvoyant de la nourriture aux animaux et des semences aux alentours. Ces forêts sont également menacées lorsque la modernité remplace les traditions ancestrales.
  • des bosquets où ont lieu les initiations rituelles des jeunes hommes et des jeunes filles.
  • des zones humides: cours d’eau, marigots, bas-fonds, etc. qui abritent fréquemment des espèces rares.

forêt sacrées sacred forest

Ces zones sensibles et précieuses ne sont actuellement que protégées par la tradition et ses gardien.ne.s. Or l’Etat guinéen, dans le Code Forestier, prévoit un soutien aux communautés qui souhaitent protéger certaines zones. Il est possible de procéder à la mise en défens de ces surfaces, ce qui les protège légalement pendant 99 ans. Concrètement cela veut dire que ces endroits sont dorénavant aussi sous la protection de l’Etat, représenté par le service des Eaux et Forêts du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable. Des sanctions sont prévues pour toute personne coupable de dégradation de ces zones protégées.

Chaque village a ainsi procédé à une délibération pour identifier la ou les zones à mettre en défens, le plus souvent des forêts sacrées. Puis ces zones ont été géoréférencées par notre partenaire GUIDRE, dont le directeur est responsable régional du consortium APAC. Chaque village a demandé officiellement la mise en défens au service des Eaux et Forêts et finalement le Préfet de Kérouané a signé les 25 attestations de mises en défens, pour une superficie totale de presque 200 hectares, préservés ainsi de la pression anthropique.

Carte des périmètres de conservation:                                                          Une attestation préfectorale:

zones conservées conservation zonesAttestation du préfet

Les arbres vus de l’espace

2022-035

Depuis une année nous mesurons le NDVI, c’est à dire la biomasse sur les terrains reboisés, à l’aide d’images du satellite Sentinel II de l’Union Européenne. Pour valider cet outil il faut s’assurer que les valeurs des mesures satellitaires correspondent à la réalité observée sur le terrain.

C’est ce que nous avons voulu savoir lors de notre dernière visite de supervision. Nous avons visité 15 terrains reboisés en 2021 et 2022 parmi les plus extrêmes en termes de biomasse mesurée par satellite: en gros les meilleurs et les pires terrains. Sur cet échantillon non-représentatif les observations sur 11 terrains correspondent aux valeurs du satellite (70%). Pour les 4 terrains restants, les valeurs satellitaires sont trop négatives dans 3 cas sur 4.

Les mesures satellitaires semblent ainsi pouvoir être utilisées pour aider nos bénéficiaires en leur disant où se situent leurs terrains, en termes de biomasse, par rapport à tous les autres terrains. Cela leur permettra d’agir en connaissance de cause, par exemple en enrichissant leurs parcelles avec de nouvelles graines ou avec des sauvageons si la biomasse est inférieure à la moyenne.

Voici quelques exemples de bonnes correspondances:

Terrain 2021-034, proche de Oussoudougou. La bonne valeur NDVI de février 2023 en saison sèche (0,211) reflète la réalité sur le terrain:

2021-034

Terrain 2021-015, proche de Diaragberela. La mauvaise valeur NDVI de février 2023 en saison sèche (0,156) reflète la réalité sur le terrain:

2021-015

Terrain 2021-016, proche de Diaragberela. La relativement bonne valeur NDVI de février 2023 en saison sèche (0,203) reflète la réalité sur le terrain:

2021-016

Terrain 2021-056, proche de Konko. La mauvaise valeur NDVI de février 2023 en saison sèche (0,143) reflète la réalité sur le terrain:

2021-056

Terrain 2021-044, proche de Fansan. La mauvaise valeur NDVI de février 2023 en saison sèche (0,183) reflète la réalité sur le terrain:

2021-044

Terrain 2021-031, proche de Talinko. La mauvaise valeur NDVI de février 2023 en saison sèche (0,174) reflète la réalité sur le terrain:

2021-031

Terrain 2022-035, proche de Talinko. La bonne valeur NDVI de février 2023 en saison sèche (0,262) reflète la réalité sur le terrain:

2022-035

 

Et voici les 4 cas de non-corrélation:

 Terrain 2021-004, proche de Linko. La valeur NDVI de février 2023 en saison sèche (0,152) est mauvaise et ne reflète pas tout-à-fait la réalité sur le terrain, qui est meilleure, peut-être grâce à l’effet de la saison des pluies:

2021-004

Terrain 2021-009, proche de Linko. La valeur NDVI de février 2023 en saison sèche (0,163) est mauvaise et ne reflète pas du tout la réalité sur le terrain, qui est bien meilleure:

2021-009

Terrain 2022-150, proche de Linko. Les observations sur le terrain ne correspondent pas avec la bonne valeur NDVI de février 2023 en saison sèche (0,226):

2022-150

Terrain 2022-191, proche de Diaragberela. Les observations sur le terrain touffu ne correspondent pas à la mauvaise valeur NDVI (0,182):

2022-191